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la tanière du hérisson
28 juin 2011

or rèche 003

Tu n'as pas la place pour ça. Pas maintenant, là, avec ce qui vient de te tomber sur la couenne. Ce qui t'a amené là, dans cette baraque recluse. Ah il est beau, l'anachorète amateur ! Quel con.

C'était bien Maël au téléphone. La conversation avait été brève, mais étant donné le contenu, c'était déjà bien suffisant. Tu ne dormiras pas beaucoup cette nuit, ça c'est plié. Et ce connard qui dit qu'il est désolé. Pas grave, pas grave. Il faut passer à autre chose. Le plus important a déjà été fait, de toute façon. Maintenant il faut gérer, digérer, traverser le truc. Tu es là pour ça. Pour voir venir. Pour laver ton existence de toutes les scories que cette histoire t'a collé sur le lard et dans la tête, toute la crasse que ta carcasse a pris en dedans et qui te colle aux tripes depuis bien trop longtemps. Mais ça viendra, va, ça viendra. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle comme celle-là qui te dissuadera d'avancer. D'autres l'ont fait. Tu as encaissé bien pire. Et tu n'es pas pressé d'aller mieux.

Dans la cuisine, le café glougloute dans sa casserole bosselée. Il ne va pas être fameux, mais on s'en branle. A vrai dire, tout ce que tu ingères en ce moment a tendance à se montrer trop doux, tout en toi réclame du rèche, de l'âpre, du convulsif ou du rapeux. Tu as pour toi l'envie rageuse de te coltiner avec cette basse vie de chien sans plus rien lâcher, à mordre et cracher sans détourner la gueule. C'est encore difficile à énoncer, à distancier. Tu le sens, tu sais que ce n'est pas forcément très bon signe, mais tu accueilles tout ça avec un grand sourire méchant. On n'est jamais aussi méchant qu'avec soi même, mon gars. A côté de la gazinière où la café se réchauffe un peu trop, il y a le frigo qui vrombit et, sur lui, une plante qui meurt. Quand tu es arrivé, tu l'as vue tout de suite, en perdition, et depuis tu la ramènes de très loin. Mais elle est probablement en train de crever quand même, y a rien à faire. Mais ça non plus ce n'est pas très grave. Mais évidemment, si on pouvait s'en dispenser, personne ne s'en porterait plus mal non plus, quoi. Ce serait aussi bien. Forcément.

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