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la tanière du hérisson
20 avril 2012

Les prairies Saint-Martin menacées

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Parfois il est lassant et pour le moins énervant de ne se mobiliser que pour s'opposer, pour résister... On aimerait davantage se faire force de propositions, stimuler ses ressources personnelles ou collectives pour oeuvrer à construire des choses, chercher mieux. Mais on vit une époque où le front du progrès s'est déplacé un peu, il faut bien le reconnaître. On a moins d'occasions de se battre pour faire avancer les choses quand on est déjà tant sollicité pour éviter qu'elles reculent.

Exemple local et singulièrement significatif, la menace qui pèse sur les prairies Saint-Martin, à Rennes. Cette éventualité d'une disparition d'un des rares espaces publics, populaires, un peu en friche et en plein coeur de Rennes, aux abords du canal Saint-Martin, n'est pas nouvelle. Cela fait des années que les quelques habitants ou usagers de cet endroit sentent la pression de la municipalité qui aimerait bien "rentabiliser" tout cet espace laissé en l'état. Dans un état que d'aucuns jugeraient justement "salutairement inutile".

Je ne m'étendrai pas sur la présentation du lieu et de la lutte à mener, non parce que ce n'est pas important, mais parce que j'estime que tout cla est très bien décrit dans un espace qui fait aussi état de l'avancée des menaces comme des mobilisations. Allez donc voir par ici. Ou par .

En revanche, et ce n'est qu'une manière différente de faire la même chose, je vais dire pourquoi cet enjeu là me touche et concerne, à bien des égards, davantage que des cas individuels. J'ai habité juste à côté des prairies et je les ai découvertes il y a maintenant une quinzaine d'années. Juste entre deux bras du canal, des espaces en friche d'une part, où l'on peut déambuler, se poser dans une nature sans prétention mais pas régentée comme dans un parc (juste de l'herbe et des arbres en bord de l'eau, essentiellement), et d'autre part des jardins "ouvriers" ou populaires, bordés d'habitations modestes tant de taille que de prétention, de gens semblant vivre là tranquillement hors de l'oppression concentrationnaire urbaine. Bref, un moment de grâce et de tranquillité à deux pas du centre ville. On y croisait tantot des jeunes en train de faire un feu de cam, de vider des bières en faisant de la musique, tantot des amoureux en balade, tantot des jardiniers du dimanche ou de tous les jours, tantôt personne (et c'est bien connu, la solitude s'apprécie différemment selon qui n'est pas là). J'y venais régulièrement quand j'habitais Rennes à l'époque, de jour comme de nuit, sous le soleil ou la flotte, seul ou accompagné. Sans être un refuge, c'était un endroit où être bien, sans rendre de compte, sans compter son temps. Rien de bien extraordinaire, à vrai dire. Mais on sait bien (ou parfois trop peu...) que le rapport ordinaire/extraordinaire et sans valeur/précieux n'ont que rarement de lien systématique.

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Voir ces prairies disparaitre sous des prétextes fallacieux (zone inondable, pollution supposée, etc...) mais avec de vraies raisons de rentabilisation de l'espace (et ça peut faire l'objet d'un vrai débat, pour le coup : dans un endroit -la ville- ou l'espace est justement un bien précieux, quelle pertinence de concerver un lieu dont on ne fait rien? ou rien d'assujetti au prétendu "intéret collectif" dont il appartient aux collectivités territoriales de décider les orientations? mais de débat, il n'y en a point), ça me navre. Et ça me révolte. Voir des gens se mobiliser pour défendre les parcelles et les habitations utilisées pour éviter expropriations et démantellement des jardins, et récupération des espaces en friche au service d'un projet concerté, ça me plait. J'ai envie de contribuer. S'approprier l'espace public tant qu'il en reste. Le revendiquer. Montrer qu'il a du sens, une place, une valeur, au-delà de son inutilité apparente. Des gens ont manifesté, occupé des parcelles jusque là désaffectées (au sens littéral) pour y travailler la terre, interpeller le citoyen rennais (ou pas) sur ces enjeux de façon publique, argumentée, et déterminée, voila qui est un minimum. Le collectif en question propose d'y organiser des événements culturels aussi, pour décidément se réapproprier le lieu. Moi qui milite pour des choses dans ce registre là (cf les FDS, autre forme de réappropriation de l'espace public) et qui avait envie d'y organiser, justemet, des festou noz sauvages une fois les beaux jours revenus, me fourmille dans les tripes l'envie de se mettre au jour, d'avancer et de faire. Sans sollennité ni démarche gaucho de principe, dans la résistance systématique à une prétendue oppression du "Système" (le premier qui prononce le mot de Bab... a mon poing dans la gueule). Juste parce que ça a du senset que sinon, ben pour le coup tout ça va disparaitre sans que personne n'ait dit que ça avait de la valeur.

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Commentaires
N
d'une façon ou d'une autre fais moi signe si je peux aussi œuvrer pour cela, je te suis!!! c'est un chouette endroit, très vivant et précieux...
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