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la tanière du hérisson
21 juin 2011

or rèche 001

Globalement, tu n'as pas à te plaindre. Rien n'est pire, et parfois il y a du mieux. Quand tu te lèves le matin, accueilli et devancé dans ce monde par la claire lumière du jour, l'air frais qui bruisse entre les arbres qui bordent la petite route, et l'odeur composite de cette vieille baraque, tu sens bien que tu tiens le bon bout. Que ça ne ressemble toujours à rien, mais que ça pourrait, un jour, dorénavant. Que les choses s'ouvrent de nouveau, que des obscurités se dénouent, que la fatigue arrive, en un gros flot épais et imparable, angoissant, long et puissant comme une coulée de boue, mais qu'il faut ne passer par là pour te purger du reste.

Les journées ne sont faites que de petits riens, de l'absence d'enjeu. Tu ne te sens pas d'attaque pour autre chose,d e toute façon. Mais ici, il y a de la place pour ça. Quand il pleut, tu observes sous l'auvent de l'appentis le petit manège fandard des bestioles qui se rentrent ou qui sortent, c'est selon, tu commences à connaître la petite faune des environs. Comme ce vieux chat forestier, trappu et couturé, mastoc et teigneux, qui maraude près du vieux puits, à la recherche d'un nid ou d'un peu d'activité. Comme ce pic épeiche que tu as entendu un moment avant de pouvoir le voir, du côté du bosquet de hêtres. Comme ce jeune renard à trois pattes, qui ballade sa mutilation dans une beau pelage vif et soyeux, et dont la tête dépasse par moments du tas de bois, à l'arrière du terrain. Ouais, mec, tu n'as pas à te plaindre. Des voisins plus déglingués, plus nuisibles, moins discrets, moins dignes, tu en as eu ta part un paquet de fois. Pour le moment, ça a l'air de partir sur une tranquillité sans compromis, sans accrocs, une solitude réparatrice, pas causante et pas pressée, du genre qui te sauvera si on lui laisse le temps.

S'il n'y avait pas cette bagnole garée dans le champ d'en face, tout irait presque bien. Presque une semaine qu'elle est là, vide a priori, comme déposée après une nuit d'orage, et que personne ne semble vouloir venir rechercher. Tu te demandes, forcément. Et tu as l'envie trottante d'aller y voir de plus près. Tu essaies de t'en foutre. Oui, s'(il n'y avait pas cette fichue bagnole, ça irait presque plutôt pas mal pour toi. Tu iras demain, sans doute. Oui, probablement que ça n'attendra guère plus. Foutue bagnole.

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