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la tanière du hérisson
27 mai 2011

il en manque un

16h30. Sortie des classes. Enervement d'avant week-end, d'avant fête des mères, chassé croisé au portail de l'école entre ceux qui sortent et les parents qui rentrent avec leur marmaille récupérée pour aller acheter pitance à la vente de gateaux du vendredi. La collègue dont la classe prend en charge ladite vente qui vous confie la gestion de la sortie de ses élèves, les parents qui discutent entre eux, sous un beau soleil tandis que les enfants se défoulent dans les environs. On prend des nouvelles des uns et des autres tout en surveillant l'arrivée et le départ des autres et des uns. Et puis on rentre, on enchaine avec l'aide personnalisée pendant une demi-heure. Et puis là, d'une manière ou d'une autre, on se rend compte. Il en manque un. Qui devrait être en garderie, avec sa petite soeur, et qui n'y est pas.

Et là, le flip commence à grimper. On va dans les environs de l'école, on appelle le papa d'un copain avec qui l'élève manquant traînait en discutant à la sortie des classes (des fois qu'ils se soient arrangés dans le dos des parents pour dormir l"un chez l'autre), on prend sa voiture pour remonter la route qui mène à la maison des parents (des fois que ça lui ait pris de rentrer tout seul, même s'il habite en dehors du bourg). On s'en veut à mort de ne pas avoir tous été rigoureux, alors que la conscience professionnelle est là, mais cette putain de zone de flou au moment de la sortie les jours de vente de gateaux nous a finelement bel et bien joué des tours, on repense sans le contrôler à la gamine qu'on a enterrée il y a bientôt deux ans, à cet autre qui se mettait en danger en permanence, on repense surtout à tout le fil de la journée. Les pièces d'un sinistre puzzle éventuel s'empilent en faisant sens a posteriori : il a été mal toute la journée, ce gosse, il a cherché des noises de ci de là, eu des comportements renfermés et radicaux qu'on lui connaît parfois mais qu'on ne lui avait pas vus depuis longtemps, on le sait pour l'avoir eu comme élève qu'il est capable de s'engoncer dans un délire mutique et difficilement désamorçable. Bref, on commence à se faire malmener par l'angoisse des possibles. Surtout que chez lui, il n'y est pas, et les voisins non plus. Surtout que chez le copain, il n'y est pas non plus, pas plus que dans les toilettes de l'école, le square à côté ou autre zone de repli éventuel. Qu'on a beau marauder dans le bourg, on ne le voit pas.

Et puis on finit par le trouver, chez un autre copain, récupéré par le papa de celui-ci qui n'y a apas vu le moindre mal, et qui habite... à 150 m de l'école. On se calme, on le ramène, on rassure les parents qui s'excusent, comble du comble, pour le comportement de leur fils alors que la sirène de la faute professionnelle nous gronde dans la caboche, pas assez mise en sourdine par la conscience que ces choses peuvent toujours arriver, même en étant rigoureux et vigilants. On se sert de ça pour réorganiser sur le champ le système d'entrée et sortie sur l'école les soirs de ventes de gateaux, histoire de se rassurer en se disant que ça aura au moins servi à ça. Et on souffle un coup, repoussant à leur place les fantômes surgis irrationnellement à la faveur de l'inquiétude immédiate. On prend la mesure de la fatigue, de l'épuisement qui, peut-être, émousse l'oeil et l'esprit, ou au moins favorise ces moments de flottements coupables. Et on reste à l'école le temps que la maman vienne récupérer, tard, ses enfants, pour accompagner au moins jusqu'au bout cette grosse bouffée de stress inopiné que tout le monde se serait bien épargné pour commencer le week-end.

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Commentaires
A
La seule solution : la laisse attachée à un piquet pour laisser un peu de mou.<br /> Putainggg je comprends le flipp.
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