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la tanière du hérisson
8 mars 2007

Après l'heure, c'est plus l'heure

Bon, je ne crois pas avoir encore donné dans la catégorie "je râle, ça fait du bien", mais ce manque regrettable sera désormais comblé. Il y a des jours, comme ça, où on n'a vraiment pas envie de faire d'efforts.
Allez, une fois n'est pas coutume, je vous raconte ma petite vie, vous allez voir, c'est super palpitant.
Hier, donc, j'allais changer ma bouteille de gaz au supermarché du coin ; plus précisément, à la station-service dépendant dudit supermarché. Il n'était pas loin de 19h, et je me doutais que ça n'allait pas tarder à fermer, donc je me dépêchais.
Dans sa petite guérite toute de plexiglass vêtue, le monsieur qui officiait à la station avait baissé un petit store qui couvrait un huitième de la surface du cabanon, et le rideau métallique n'était pas encore baissé. Je me suis donc dit "chouette, j'arrive à temps". Je lui dit bonjour, au monsieur à lunettes, et puis je lui présente ma bouteille de gaz vide avec un sourire benoît, en déclarant : "je voudrais en acheter une pleine, s'il vous plaît". Et là, le gars me regarder et me dit avec un sourire à la con : " Oui, mais c'est fermé, maintenant, monsieur". Bon, il devait être 19h02 au maximum. Je l'ai regardé, interloqué, et je lui ai dit : "bon, d'accord, mais vous êtes là, non?" Il m'a toisé comme si j'étais le pire des clients pinailleurs et chiants, avant de composer un visage avenant et de redire, presque souriant : " Non, Monsieur, je suis désolé, c'est fermé, là." Je n'ai pas insisté, je me suis retenu d'ajouter quoi que ce soit, et je suis reparti.
    parce que, quelque part, je ne lui en voulais pas, au gars. C'était un employé, pas le patron, il faisait ses heures, peut-être plus, il avait ses comptes à faire ou je ne sais quoi, et parfaitement le droit de ne pas faire de rab', surtout avec des clients qui se ramènent au dernier moment, comme moi. N'empêche, j'étais colère.
Parce que j'avais mal au dos, que j'avais porté cette fichue bouteille de gaz pour rien, mais surtout par le décalage insupportable parfois entre la façon dont les gens vous voient et la réalité des choses. Je m'explique.
    Je suis enseignant en école primaire. J'assure l'interim de direction d'une école à 4 classes, mais ça n'a (presque rien à voir). Je ne compte pas mes heures, la veille de cet "incident" j'avais fini ma journée à 19h30 après des réunions avec des parents, des coups de fil à droite à gauche... Le quotidien d'un instituteur, messieurs dames, c'est pas celui d'un fonctionnaire planqué qui regarde l'horloge en remplissant le formulaire 143b et, un quart d'heure avant la fin de sa journée, ne répond plus au téléphone de peur de se faire retarder par une urgence. Merde, quoi. Et après, il y a toujours des gens pour nous parler des vacances qu'on a le privilège d'avoir et qu'on passe, soit dit en passant, pour moitié à récupérer physiquement et pour une part non négligeable de l'autre moitié à commencer à préparer la retrée. Et qui se plaint des pompistes qui ferment à 19h pile et refusent de rendre service quand un client (chiant, soit) a besoin de gaz pour faire sa popote le soir, et n'a pas forcément eu le temps de passer avant? Qui se plaint des commerçants incompétents, pas serviables ? Qui se plaint des professions libérales qui, certes donnent de leur temps avec largesse, mais en récupèrent une rétribution bien plus juste que ne l'est la nôtre? Merde, quoi, donc. Des fois, j'aimerais juste que les gens soient aussi souples, coulants et compréhensifs qu'on nous demande de l'être.
    Quand un collègue prend un congé parental, ça grogne dans l'école. Quand un collègue prend un mi temps annualisé pour partir avec ses enfants 6 mois à vélo, ça grogne à l'école. Quand un collègue tombe malade trop souvent ou trop longtemps (on n'a pas idée), ça grogne ; pas franchement, pas directement, mais ça grogne. Vous en connaissez beaucoup, des professions où ça choque tout le monde de juste prendre les droits auxquels tout le monde peut prétendre ? Franchement, je revois la tronche du pompiste, et je me vois bien dire, à un parent d'élève désireux de prendre rendez-vous pour parler de la scolarité de son gosse, ou bien au délégué aux affaires colaires de la mairie, ou à un conseiller pédagogique, ou un représentant, ou bien je ne sais qui, "désolé, après 16h45 les bureaux sont fermés."
    Je sais, c'est stérile, et je comprends fort bien tout ce qui pouvait légitimer l'attitude peu amène de ce brave pompiste. Mais j'avais bien prévenu que c'était une chronique "je râle, ça fait du bien."

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