le livre des punitions idiotes
Comme j'ai une classe jonchée d'éléments perturbateurs en manque de repères, je passe un peu de temps, souvent, à recadrer, à serrer les boulons, bref à faire rentrer dans le rang les énergumènes qui débordent plus que de raison. Sans faire de l'autoritarisme, je leur montre que dans leur propre intérêt, je ne leur laisserai pas le choix. Comme c'est souvent le cas au bout d'un mois, ça commence à porter ses fruits avec les plus durs et c'est pleinement intégré avec la plupart. On en vient à questionner l'enjeu de la règle, du formatage, de l'obéissance inconditionnelle et, forcément, de la sanction.
Il apparaît souvent pertinent de définir avec les enfants les règles à respecter. Pas pour leur donner l'illusion que ce sont eux les décideurs (je suis clair là dessus, certaines choses ne sont pas négociables), ni pour obtenir de façon hypocrite leur assentiment à leur propre malheur (ces satanées règles de vies), mais pour les rendre acteurs du fonctionnement général. Parce qu'après tout, il s'agit pour eux de comprendre que la règle vient de la nécessité de vivre ensemble et, en l'occurence, de travailler ensemble. Sinon, moi le premier, j'aime autant n'en faire qu'à ma tête. La finalité est qu'ils évaluent eux même leur comportement régulièrement, avec mon propre avis là dessus ensuite (avis qui est le seul, bien sûr, à faire force de loi). Donc, tout comme je leur fais comprendre que toutes les règles ne sont pas utiles ("est-ce qu'il est important d'être habillé en rouge?", "est-ce qu'il est important de ne jamais parler en classe?") mais qu'elles sont condditionnées par la nécessité de ne pas perturber le travail des autres, de se mettre dans une attitude propice à la réussite de l'activité, de ne pas couper la parole, etc..., on travaille aussi le sens de la sanction.
J'ai eu envie, cette année, subitement je dois bien le dire, de pousser le bouchon un peu plus loin. La punition est souvent soit acceptée d'emblée par les élèves (pour un peu tu pourrais leur faire faire n'importe quoi, ils le feraient sans broncher : "tiens, va faire trois fois le tour de la cour à 4 pattes"), soit subie mais pas du tout comprise. Alors avec mes élèves, on a fait un livre des punitions idiotes. Au début ils ne trouvaient que des choses finalement très normales, il a fallu que j'en lâche une bonne à titre d'exemple pour qu'ils comprennent où je voulais en venir : "On pourrait pendre l'élève par l'index pendant quelques heures, pour lui apprendre à lever le doigt". D'un coup l'ambiance est devenue souriante tout en restant impliquée, et on a eu droit à pas mal d'idées débiles.
Voila le résultat, qui sera bientôt relié et présenté aux autres classes de l'école.
"Quand un élève fait une bétise, on peut...
- l'attacher au tableau et écrire dessus avec une craie ;
- lui faire manger du papier ;
- lui faire cuisiner un gâteau géant ;
- lui dire de faire le ménage de toute la ville ;
- le forcer à s'habiller en clown (ma préférée avec la précédente) ;
- lui mettre du skotch sur la bouche (arg ça on me l'a fait quand j'étais môme, bel hommage involontaire à mon maître de CM1) ;
- le faire compter jusqu'à l'infini ;
- lui faire manger des chaussettes qui sentent mauvais ;
- le pendre par les sourcils pendant une minute...