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la tanière du hérisson
17 août 2006

la vie m'a mangé, mais j'ai croqué dedans un peu, aussi (5)

    La maison était tellement bien conçue, était d'un tel conformisme, qu'il ne lui fallut guère plus de 5 minutes, une centaine de pas et une petite dizaine de coups d'oeil pour trouver la chambre de Nilia.
    Il la trouva assise face à la fenêtre, les genoux remontés sur son abdomen pour accueillir son menton, ses bras graciles enlaçant l'ensemble de ce petit corps recroquevillé comme pour lui conférer un supplément de chaleur. Deux tiges végétales asymétriques lui sortaient du dos, de part et d'autre de la colonne vertébrale, et bougeaient parfois un peu, secouant les élitres déssechés avec molesse. On devinait que de jolies couleurs avaient jadis parcouru ces ailes crevées. La longue chevelure de Nilia cascadait comme une rivière de soie tronquée. La tête de Nilia oscillait d'avant en arrière sur un rythme lent et inébranlable, et ses yeux parcouraient sans cesse le décor mouvant du dehors, dans le cadre étriqué de la fenêtre, dans la faim permanente de visiter le monde par ce que le monde lui apportait à domicile. Elle semblait étrangement apaisée étant donné sa situation, s'étonna Dogan.
- Niliändolniane, comment vas tu, petite feuille?
- Bonjour, Oncle Dog, répondit la fillette sans se retourner, toujours le nez et les yeux au ciel. J'écoute les nuages, ils sont...
- Je sais comment ils sont, Nilne, mais tu dois venir les voir hors d'ici. Tu changes au delà de ce qu'il est souhaitable, je suis venu pour te laisser revenir à toi. On t'a fait du mal, ici, en ne faisant rien de toi. Je suis sûr qu'ils ne te parlaient même pas, ou alors sans te parler vraiment.
- Oncle Dog. Tu veux de moi une chose, un devenir. Eux aussi attendent de moi que je me conforme à quelque chose. Je n'ai pas envie de décevoir quiconque. N'est-ce pas à ceux qui vous guident dans le vie de ne pas vous décevoir, et non l'inverse?
- Tu dis vrai, mais ce que tu deviens n'en demeure pas moins dangereux. Tu aimes le chemin que tu empruntes depuis que tu es ici? Tu dois bien te rendre compte, quand même, petite feuille.
- Ma mère et mon père ont commis des choses. Moi pas. Ces gens ici sont des êtres sans vie, mais pas sans joie. Je ne dis pas que tout se vaut, mais je ne suis pas sure que partir maintenant avec toi, pour aller rejoindre une vie dont je sais maintenant qu'elle est aussi violente et sourde au bonheur que peut l'être celle d'ici, non je ne suis pas sûre que ça soit le mieux.
- Tu te trompes, mais tu sembles avoir fait un choix. Contrairement aux lois d'ici, nous autres n'attendons pas l'age adulte pour respecter la valeur des choix de quelqu'un. Tu fais des erreurs d'ue créature immature, ce qui est logique; dans la mesure où tu as écouté ec que j'avais à te dire, on va s'en tenir là. J'irai dire aux tiens ce qu'il en est. Doit-on faire quelque chose pour tes ailes et tes yeux?
- oui, les oublier, comme je les laisse partir. Tout ça reviendra si j'en ai besoin ou envie, un jour. C'est une des chances qu'ont les fées, rien n'est jamais dans leur corps aboli à jamais.
- Ils appellent ça de la magie, tu sais. Comme c'est idiot ! Et ça leur fera toujours peur chez toi, aussi.
- Seulement s'ils ont l'occasion d'en voir. Tout ça va reprendre sa place comme il faut. Tu es venu pour rien, Oncle Dog. mais ça me fait plaisir de te voir et de parler avec toi. Tu reviendras ?
- Moi et d'autres. Ton sang nous appelle et nous appellera, parfois nous viendrons. Qui que tu deviennes.
    Nilia se mit à sourire plus franchement. Elle se mit à penser à Antoine. Elle demanda à  Dogan Saule de prendre soin d'eux quand il reviendrait. Il sourit en montrant ses dents verts et pointues, embrassa les cheveux de sa nièce, passa sa main rugueuse au dessus de ses ailes. Non pour les guérir ou leur redonner vigueur, mais pour en apaiser la dégénerescence. Il aimait Nilia. Il aurait voulu l'emmener. Il était venu pour cela. Il partit.

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Commentaires
A
wouaa je rêve de quoi lire... héhé héhé...<br /> <br /> mais hoo dis moi on ne remet pas en question mes qualités professionnelles d'une critique de livre d'un comité de lecture réputé dans le 93... hihi mais t'es fada ou quoi...<br /> allez hop je me plonge dans la suite pour voir si vraiment la suite est aussi bonne que l'accroche...<br /> uéé bengg avant de parler des oeuvres d'adulte de Mister R. Dahl as-tu lu cette effroyable et succulente nouvelle du "coup de gigot" (quel cynisme dans ces nouvelles pour adultes)(si ça t'interesse je te l'envoie, car l'avoir acheté pour une soirée spécial de lectures autour de ce géant)<br /> <br /> et aussi y a un colloque sur el senor le 12 et 13 octobre. On fête je ne sais plus quel anniversaire... <br /> <br /> <br /> puis je ne peux m'empecher de mettre un lien vers son site http://www.roalddahl.com/<br /> Rhoo que j'aimerai aller voir son musée Great Missenden <br /> <br /> Et pour finir il disait et j'adore :"Mes défauts et mes manies sont légion. Je m'ennuie facilement en compagnie d'adultes. Je bois trop de wisky et de vin le soir. Je mange beaucoup trop de chocolat. Je suis de tès mauvais humeur quand j'ai mal au dos. Je ne nettoie pas mes ongles. Je parie sur les chevaux et perds aussi beaucoup d'argent. Je n'aime ni la fête des mères, ni la fête des pères, ni aucune fête, ni les cartes de voeux que les gens achètent et envoient à ces moments-là. Je deteste mon propre anniversaire [...] La clé du succès consiste à conspirer avec les enfants contre les adultes. C'est peut être simpliste, mais ça fonctionne."<br /> <br /> héhé je rends l'antenne... vais me plonger dans tes écrits...
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H
tout finit toujours par arriver... et merci pour le compliment rhoaldien même si, soyons honnêtes, on est quand même loin du compte...
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A
euh... c'est juste des liliputiennes miettes de mots jetés à des zoisions sans faim... moi suis pas un oisillon suis une ailée-fend et il en faut des mots pour me rasasier... puis rhoo tu mets l'eau à la bouche : un début digne d'une nouvelle de Roald Dahl (attention ce qu'il a écrit pour un public adulte) et il n'y a pas de suite, de chute... pffff... battements de cils et sourire... allez allez M. Lenherisson on se motive...
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