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la tanière du hérisson
13 novembre 2005

impromptu dominical à charge de revanche

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    On est partis à l'arrache, comme en semaine, sauf que c'est dimanche. Sans avoir pris de repères précis, comme toujours, parce qu'on voyait vaguement où ça pouvait être. Sauf que, bien sûr, c'était mal indiqué, et que quand on est à la bourre on cherche mal. Donc : on a fini par trouver, mais trop tard, bien trop tard. Exit le concert de harpe et violon au château de La Briantais, aux portes de Saint-Malo. Nous restait à déambuler dans le parc attenant, comme, de ci delà, le faisaient déjà des familles équipées en chiens et enfants à faire galoper.
    L'herbe était crassoue et légèrement gadouilleuse, le jardin était hérissé de tignasses de végétaux sauvages, il faisait déjà un peu nuit. Peu de bruit, hormis celui du vent et, tout près, de la mer qui s'énerve sur elle même. Un sentier qui descend entre racines, pierres et ronces, jusqu'à une antique grille fortifiée, un portail vers la mer. On y descend, on frôle l'épaisse rouille des montants métalliques et la pierre moussue et humide qui l'entoure, on descend, à deux, sur les galets de gris et de bleu, sous un ciel vascillant. Sous un ciel dense et calme, encore diurne mais se sachant promis à l'obscur. La violence tranquille de l'eau et les reliefs  proches et inaccessibles des ilôts de la côte, tout cela est joli à voir, à partager, même s'il fait un peu froid et qu'on n'est pas tout à fait paisibles, avec ces familles à gosses et cabots qui déambulent à tour de rôle, un peu tout le temps, avec nous en contrebas.
  On ne reste pas bien longtemps. On remonte. On entend la sirène d'un ferry qui, lui aussi, est sur le départ. Le bleu d'ardoise du ciel se fait plus opaque, plus sombre, on sort du parc. Que voulezvous, on ne dit pas grand chose, on cause, nous, on cause juste, et puis on s'en va, après avoir dévalé une pente en rigolant. On se serre l'un contre l'autre en rejoignant la voiture. Dommage pour la harpe, dommage pour le violon, tant pis pour nous.
    Plus tard c'est à La Java, le bistroquet rétro hétéroclite de la cité malouine que l'on se retrouve à se réchauffer les mains et les poumons. Autour de tasses fumantes et de conversations bruyantes. C'est dimanche, c'est bien. Un chocolat chaud pour monsieur, un thé pour madame. Des reprises de Brassens à écouter distraitement tandis que la nuit s'abat pas loin dehors, des discussions confortables dans les recoins, des mots dits pas fort à l'autre. C'est dimanche, c'est bien comme ça. On a des choses à faire en rentrant. On aura déjà un pied dans la semaine, va, et il va vite se faire happer pour nous y plonger jusqu'au cou, pas plus tard que demain matin. Mais la tête n'écoute pas les pieds, elle a besoin de se croire encore en week end, la tête elle veut tourner et pour un peu elle proposerait bien d'aller danser, ça doit bien se trouver dans le coin, un fest-noz ou bien n'importe quoi d'un peu populaire et humain. Ce ne serait pas raisonnable et la tête finit par reconnaître qu'il va être l'heure. Les touristes eux mêmes semblent un peu plus pressés, dehors. Et nous, on n'est pas des touristes.
  Jusqu'à la voiture c'est la nuit. On quitte les lieux, sans harpe ni violon, sans savoir. On quitte le dimanche littoral qu'on a fréquenté du bout des lèvres, et c'est bien comme ça. A la maison, le chat a faim, alors on lui donne à manger. On ne se voit déjà presque plus.

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Commentaires
A
ta description : une vraie suspension dans le temps... douceur de l'instant... Ce calme là est si rare à Paris !
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