sourire de l'abandon
Avec les beaux jours
revenus, un brin boudeurs, donc repartus, il me vient l'envie de n'en
pas trop concéder et de profiter pleinement des bouts d'existence qu'il
me reste à voir défiler. Et l'on s'investit un poil
davantage dans des projets personnels, et l'on reprend contact à la
faveur d'un événement proche avec quelques amis éloignés trop peu
appelés par le passé, et l'on se surprend à se montrer déraisonnable
dans les défoulements physiques en tout genre, en plein air, à ne pas se poser trop de questions et à faire comme si tout était bien comme ça.
Etanche au malheur des autres, pour une fois. Imperméable aux urgences
et aux besoins hurlants. S'investissant tranquillement et par principe,
toujours, mais sans chercher à savoir si on a la capacité d'en faire plus.
Refusant de justifier ses choix, avec le sourire en prime. Epanoui,
contemplatif, en action. J'avale de la musique, j'avale de la lecture,
j'avale des moments doux, j'avale de la rigolade bébète, j'avale des
promenades inutiles et j'avale le temps sans comprendre pourquoi. Ce qui me prend. Combien de temps ça va durer.
J'ai plus que jamais conscience d'avoir beaucoup d'efforts à faire sur
moi, comme tout un chacun sur cette terre, peut-être un peu plus,
peut-être un peu moins. Et ce n'est pas que je m'en
fous. Ce n'est pas que je ne vais pas m'y employer. Simplement, en ce
moment, c'est tout con, mais rien ne saurait m'apparaître dramatique.