un sexe sans goût
C'est un bien cruel constat que je vais proférer
en cette fin de week end, mais c'est comme ça et pas autrement. Voila.
Je lisais il y a peu un message censément torride sur un blog anodin.
Une scène qui se voulait très sexe, très chaude, bref qu'on sentait volontiers destinée a mettre en rut le pauvre lecteur consentant. Et c'était franchement nul. Plat et ennuyeux, on aurait dit du Sade (c'est
dire). Mais bon, on pouvait se dire (c'est d'ailleurs ce que j'ai fait)
que le gars n'était pas censé être un écrivain à part entière. C'est vrai, ça remet les choses en perspective. Il faut bien le reconnaître, la prose qui se veut littéraire sur les blogs est le plus souvent pire que les autres, c'est-à-dire complètement nulle et insipide. Mais à la
réflexion, j'ai réalisé que, tout compte fait, je ne voyais aucun
auteur patenté dont je me souvienne d'avoir lu un texte vraiment excitant. Je
parle d'une excitation sexuelle, bien sûr. Bah oui.
Je ne dis pas ça pour
jouer les mecs détachés. Rien à foutre de ce genre de posture. Bon
sang, c'est assez affligeant comme pensée, mais je ne crois pas avoir jamais lu une
scène de cul vraiment bandante dans tous les romans que j'ai pu
m'enfourner jusqu'à présent.
Il y a eu des choses qui s'en
approchent, mais ce n'est pas tout à fait ça. Lire Baise moi de V. Despentes ou lire du
Ellroy, ça relève d'eaux troubles qui ne sont pas vraiment excitantes. On flirte avec le côté obscur de sa propre psyché, ça relève de choses
fascinantes, effrayantes, dérangeantes, peu dites, mais, sauf à se reconnaître des attirances pour
des pratiques malsaines (j'entends par là, des pratiques relevant de la
prédation), on n'y est pas.
J'ai lu du Crumley, du Houellebecq,
des trucs comme ça, empreints d'une humanité cabossée, mais là encore
on en fait que dépasser ou contourner le charnel pour finalement
atteindre, sous des angles différents, à une certaine notion de
tendresse amoureuse déniaisée. Et ça n'est pas ça non plus.
Bref, quel que
soit le talent avéré de l'auteur, les scènes de cul, quand il s'y
frotte, sont rarement convaincantes. Ou alors par des biais autres que
l'excitation purement sexuelle. C'est dommage, je trouve.
Et je ne
parle pas de toutes les accablantes scènes raccoleuses dont nous
gratifient certain(e)s, catalogue de clichés éculés que d'aucuns
relègueraient aux pages de magazines de cul bas du bulbe. Qui reproduisent des schémas sexuels davantage pittoresques et fadasses qu'épicés et affolants. Alors voila,
punaise, je me demande si ça existe finalement. Je ne me passionne pas
pour ça mais c'est étrange de constater que le pouvoir d'évocation de
la littérature s'accomode mal de la sexualité en mode frontal et cru.
Comme si c'était plus un écueil qu'une facilité.
Pourtant le cul
fait vendre (et j'espère bien avoir plein de visites sur mon blog après
avoir consacré un message à la luxure, même littéraire! Allez Google fais ton boulot), mais
peut-être la littérature doit-elle en ce cas précis repasser en mode
primaire et ne pas aller se chercher des ambitions
contre-productives... Je ne sais pas !
La seule exception qui
puisse éventuellement démentir mon amer constat porte le nom de
Bukowski qui, loin de n'être qu'un provocateur, n'avait pas son pareil
pour torcher des raccourcis imparables pour évoquer la déglingue,
sexuelle y compris. Je m'en vais en relire un peu, tiens ...