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la tanière du hérisson
13 septembre 2012

objet flottant

Saoul comme une poche, totalement pénétré des eaux de mer. Porté, emmené, au large, ramené le long des côtes, balloté, bois jadis sec et constamment flotté d'une profondeur à l'autre. Autrefois le bord. Autrefois la pluie pour seul goût d'eau, l'horizon caressé du regard pour seul voyage. Sans un regret, alors. Dans des temps cohérents et autrement beaux, révolus et asséchés, sans lieu d'être. Et maintenant livré aux courants.

Pour être resté trop longtemps sur le rivage, à regarder la mer avec envie, quand il avait enfin ouvert complètement ses bras aux flots, il s'était trouvé délicieusement englouti et emporté par des courants divers auxquels il n'était nullement question de résister. L'ivresse du lacher prise, de l'engloutissement, parce qu'il s'était toujours jusqu'à présent refusé pour de très légitimes raisons dont il était, par la force des choses ou par choix, désormais affranchi largement, tout cela dura un temps.

Puis vint celui où il commença à ressentir le besoin de ne plus tout prendre et tout laisser le traverser et l'emporter de ne plus juste dériver où les courants pouvaient l'emmener pour y découvrir des choses insoupçonnées qu'il n'aurait jamais pu savourer en choisissant une direction. Vint le besoin de nager, c'est-à-dire de se choisir une direction et un objectif et d'appliquer une méthode pour y parvenir. Cela impliquait d'être sélectif dans ses mouvements et ses horizons, et raisonnable dans es ambitions, car personne ne peut nager indéfiniment. Mais cela aussi était savoureux : l'étiage, le tamisage, l'éclusage ; les choses se clarifiaient, et petit à petit, dans l'immensité d'un océan à la valeur désormais indémentie, il recommençait à prendre pied.

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