Brassens 's Not Dead - mondo bizarro, 13-02-08

    Faire des chansons d'un irréductible anar brillant comme Brassens des hymnes punk, ça n'a rien de choquant, d'emblée. Dans la démarche. Au contraire, c'est assez cohérent. Pour la mise en musique, j'étais curieux de voir ce que ça allait donner, parce que Brassens, c'est quand même pas 3 accords et on y va, derrière l('apparente simplicité des compositions, il y a parfois de sacrées subtilités. Rendez-vous attirant donc, une fois de plus, au Mondo Bizarro, pour voir ce que  ça vaut.
    En première partie Monty Picon, intéressant musicalement, ça tourne, c'est ni original à tout prix ni cliché vraiment, bonne énergie avec plein de cuivres, un banjo, une bonne section rythmique qui claque et un chanteur plein d'allant. Bon, maintenant, des chansons pour dire que la justice est pourrie ou clamer "flic si tu t'exposes / en civil, je t'explose", ça ne fait même plus rigoler, la veine "société tu m'auras pas" ça va bien un peu, mais ça soule vite. Je trouve. Bonne impression générale malgré tout, ils savent bien monter leurs morceaux et les mettre en valeur.
    Les 4 membres des Brassens not Dead (je ne compte que les instrumentistes, voir plus loin) sont tous chevronnés, y a pas à dire. C'est carré, ça dépote, c'est pas idiot, bref des tonnes de qualités. Une sacrée énergie qui survitamine les paroles du vieux Georges.
    J'ai pogoté sur du Brassens, mais je m'en fous, au delà du côté marrant du mélange j'attendais autre chose. Et, dans une certaine mesure, je l'ai trouvé. C'est clair que le propos, dans ce contexte frontal et sans concessions qu'est la musique punk, est plus que d'actualité. Le regard sans compromis (y compris vis à vis de lui même) qu'avait Brassens sur la vie, la société, les gens, bas ou humainement bons et disponibles, ne parait absolument pas dépassé. Le coup de boost des arrangements punk et des rythmiques rentre-dedans sert tout ça. Rien à redire. En revanche, les paroles sont moins directement audibles et assimilables sur certains morceaux, et ce n'est pas qu'un problème de sono. Pour certaines choses, sans être a priori et systématiquement pour l'original, il y a des chansons qu'on n'a pprécie pas autant jouées de cette façon qu'à la mode "Brassens himself". Mais c'est bien normal.

    Du reste, le choix des morceaux était pertinent. Le répertoire, bien choisi (des classiques comme "la complainte des filles de joie" ou "putain de toi" mais aussi "95 fois sur cent" et autres "mourir pour des idées") est convaincant, oscillant entre vrais propos de citoyen lucide et des choses plus rigolardes comme "Brave Margot" ou "le gorille", qui du coup s'intègrent parfaitement avec l'esprit punk, qui n'a jamais été avare d'autodérison et de déconnade primaire. Les interventions de l'animateur à la kon, 5e membre du groupe, entre costumes, parodies de tatayé et listes de blagues affligeantes et géniales, finit de brosser le tableau.     Une très bonne soirée, avec les bémols que j'attendais, mais je retournerai volontiers écouter ce groupe. Personne ne doutait que Brassens soit toujours vivant, mais voila une manière de le rappeler qui fera sa route, j'espère. Un bon groupe toulousain de plus, quoi...

PS : sur radiokipik, "la complainte des filles de joie" et quelques autres, quand j'aurai fait mon choix...