Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la tanière du hérisson
21 octobre 2007

White Chalk, de PJ Harvey

  DSC02081 

Il y a quelques années, après la consécration d'une maturité épanouie sur Stories from the city, stories from the sea, mademoiselle Polly Jean Harvey était passée à une autre étape, celle d'un artiste qui continue à chercher de nouvelles façons d'exprimer la même identité, la même flamme en mouvement, en élévation.
    L'album Uh Huh Her était la réponse prévisible à une oeuvre maîtrisée de bout en bout : rêche, brut de décoffrage, artisanal, plein d'ébarbures et de coups de triques dans tous les sens. Un album court et sec, sur le fil, emporté dans le son comme dans l'intention. Et après ?

    White Chalk est surprenant à bien d'un titre, mais sûrement pas incohérent par rapport à ce qui l'a précédé. On y retrouve le même désir de bâtir avec de nouvelles règles, de nouvelles contraintes, de nouvelles exigences, un répertoire qui prend en compte quelqu'un qui change, mûrit, vit, et vit avec ce qu'il a fait, déjà, bien ou pas, auparavant. Pour autant, la radicalité des débuts, toujours présente, prend ici une forme bien singulière.

Pas de guitare, ou si peu. Elle si adroite à tisser des riffs, à emmener une rythmique, à draper une mélodie contorsionnée, laisse son instrument de toujours pour ne s'attacher qu'au piano comme armature des chansons. Elle qui n'est absolument pas pianiste, se met avec fraîcheur et honnêteté, en prenant des risques qui se voient, pour construire des morceaux avec l'orfèvrerie brute et juste qui la caractérise. La voix emprunte,elle aussi, des chemins singuliers.

Le résultat est particulièrement surprenant à la première écoute. Calme presque de bout en bout, feutré, l'album (court lui aussi) respire une tension et une fragilité qui pourrait flirter avec la facilité, et la neurasthénie (façon Tindersticks), pour finalement ne recéler que grâce et profondeur. Beaucoup de choses sont retenues, sous-cutanées, évoquées par petites touches, oscillant entre malaise palpable et légèreté confiante.

Il faut décidément plusieurs écoutes pour s'approprier les chansons, mais elles n'ont malgré tout rien de l'hermétisme systématique, de la posture. L'album, riche de sonorités discrètes, ressemble beaucoup à sa pochette. On y découvre une PJ Harvey assise comme dans un de ces portraits hiératiques de la bourgeoisie anglaise du XIXe siècle, vêtue d'une robe et d'une coiffure tout en sophistication sereine, livrant un regard frontal et fort, tranquille, au sein d'une obscurité opaque. La silhouette est comme ciselée avec cette craie blanche qui donne son titre à l'oeuvre. On sent dans ces chansons une solitude réelle, ni triste ni enjouée mais sincère, comme celles qu'on ressent de fait dans ces grandes demeures perdues dans la campagne, un soir d'hiver. Et l'isolement apparaît parfois comme la meilleure des écoles pour se former une personnalité. Beaucoup de chansons sont spontanément touchantes. Elles n'ont rien de parfait, s'égarent, déraillent parfois, sans virtuosité ostentatoire, mais cherchant juste. Là est toute la musique selon moi.

A écouter, écouter, écouter encore. Dans le noir, sans prise sur rien, pour se laisser happer, teinter, par ces chansons belles et hantées.

PS : sur radiokipik, les titres dear darkness, grow grow grow, when under ether et before departure.

Publicité
Commentaires
A
salut là suis au boulot et viens de découvrir deux bouquins ou méthode qui pourrait t'interesser c'est Nathan qui fait cela c'est Contes et musiques du monde le n°1 est consacré au Amériques-Europe et le n°2 à l'Afrique et l'Asie... Ce sont des graines peut être à faire germer... Sourires et pensées d'une lueur
Répondre
A
Un sourire et pensées au Hérisson à L'Elfe<br /> Et pour la pensée c'est par zici http://www.neomansland.org/article-12008546.html
Répondre
Publicité
Publicité