bar du Départ : patron, un double !
Bon, ça y est, c'est les vacances. D'où départ, d'accord. Mais pas seulement. Je pars en vacances avec un sentiment particulier cette année. Depuis quelques semaines en effet, je sais que ma demande de transfert vers l'Ille-et-Vilaine, contre toute attente, a été acceptée. Je change de département, alors qu'on m'avait prévenu, statistiques à l'appui, qu'il faudrait bien 2 ou 3 années pour décrocher ce changement. Et pof. Donc, à la fin de l'année, je quitte cette école qui a accueilli mes premiers pas dans le métier et qui m'aura servi de tanière pédagogique pendant 4 ans.
C'est très étrange de se projeter, aussi "tôt" dans l'année, dans "l'après". Il ne s'agit pas de peur du changement (que j'ai, on est bien d'accord, demandé, du reste) ou de l'inconnu. Je ne sais pas encore dans quelle école je serai l'an prochain, mais je ne suis nullement inquiet, j'ai confiance en ma capacité à construire quelque chose de sympa et de forcément différent ailleurs. Je pourrais même y prendre goût. Non, ce n'est pas ça. Je pense à "l'après moi" dans mon école. Sans prétention aucune, mais en connaissance de cause. Je n'y suis resté que 4 ans, dans cette petite école de campagne, mais des habitudes ont été prises, forcément. Je suis le seul instituteur de l'établissement, qui ne comporte que ma classe, je suis donc mon propre directeur dans un bled qui ne compte guère que l'école comme lieu de vie. Bon gré mal gré, je suis devenu un personnage public, et les gens se sont habitués à mes qualités comme ils ont composé avec mes défauts. Là, il faut que je prépare ma sortie, pour laisser quelque chose de net, clé en main, pour la personne qui me succèdera. Sans parler des affaires qui ont voyagé entre l'école et chez moi au point de ne plus savoir toujours où est quoi et à qui ça appartient, il y a toute une m"canique de l'après qui se met en place.
Il est clair que dans cet état d'esprit, la façon dont on apprécie le temps passé avec les enfants, la cantinière, les intervenants, les collègues des autres écoles, tout ça prend une couleur un peu inédite, qu'on le veuille ou non. Je me défends sincèrement, d'ailleurs, de toute nostalgie anticipée. Cependant, il est clair que j'y étais bien, dans cette école, et que quand on a quelque chose au quotidien dont on sait à la fois qu'il est précieux et que ce sera révolu dans deux mois, l'approche est inévitablement différente.
Alors, double départ, oui. Celui en vacances préparera peut-être un peu l'autre, à plein d'égards. Il sera profitable quoi qu'il en soit, parce que, malgré l'arrivée des beaux jours, les enfants particulièrement avaient un grand besoin d'aller voir ailleurs, je devenais moins patient.
En tout cas, s'il est une chose dont je me félicite, c'est d'avoir su annoncer mon départ sans attendre. Pas de bruits de couloir entre parents d'élèves, pas de surdramatisation déplacée, du temps pour tout le monde pour se faire à l'idée. Ce qui, en ce qui me concerne, me facilite nécessairement grandement la tâche. Bon allez, j'ai mes valises à faire...
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