expulsion de vieux kabyles à Paris : la honte !
On a beau dire, merde, la
France rate rarement une
occasion de donner du grain à moudure à ceux qui voient en elle une
salope. Grimée sous des atours de démocratie, de terre de liberté et de
respect, pour cacher la vérole d'une vieille pute vendue par trop
souvent aux intérêts (inhumains car mécaniques) de l'économie et des
puissants. Non, je ne suis pas un trotskyste révolutionnaire. Je suis
juste empli de nausée et de colère, c'est tout. Mais ça passera, ne
vous inquiétez pas.
Je viens de lire un article qui fait état
d'une expulsion de plus sur Paris. Ah mais attention ! On atteint des
sommets : les gens expulsés ne sont pas des immigrés sans papiers et
l'immeuble en question n'est pas classé insalubre. Non, non. Je vous jure. Attendez, je vous explique, vous allez mieux comprendre. Les expulsés? Ce sont
juste des vieux kabyles sans possibilité de se défendre et comme le
propriétaire veut les voir décamper, eh bien la police évacue les
lieux. Et tout ce beau monde (diabétique, retraité, invalide, on s'en fout) se
retrouve, par défaut, à dormir dans un gymnase ! La classe, non? Non mais comment on
laisse faire ça? Je n'en peux plus de cette France là, merde, ce n'est même
plus de la révolte, de l'écoeurement...
Les gens qui
vivaient là, en plein coeur de Paris, ont travaillé souvent plus de 30
ans, dignement, sachant qu'ils n'avaient droit à rien (ben non, ce sont
des bougnoules, quand même, s'ils se pètent la santé dans des travaux
trop rudes on ne va pas leur payer une pension d'invalidité non plus,
on n'est pas humain à ce point là...), et maintenant, on le leur
rappelle, que jusqu'au bout ils vont survivre, pas vivre. Histoire de.
Ces gens étaient en règle, je le rappelle, ce
sont de vieux monsieurs en retraite ou proches de la retraite, avec leur
famille restée au pays, et ils payaient, pour vivre dans 12 m² de cet
hotel du 19e, 274 euros/mois.
Changement de propriétaire, on cherche à
virer tout le monde. Refus légitime des occupants, début du bras de
fer. On arrête de payer les loyers d'un côté, on envoie des "gros bras"
de l'autre, pour faire avancer les choses manu militari, comme on sait
le faire dans un état de droit qui respecte surtout le droit à la
propriété. Du coup, le proprio arrête d'entretenir, ce qui rend
certaines parties de l'immeuble insatisfaisantes pour les normes
actuelles, ce qui permet l'envoi de la police.
Alors
la mairie de Paris a promis de reloger ces vieux kabyles au plus vite, dans des HLM
ou des maisons de retraite, soit. En attendant, ils vivent sur des
tapis dans un gymnase depuis bientôt une semaine. Dans l'indifférence
générale. Je n'en peux plus, de ça. Alors, allez, braves gens, ne nous voilons plus la face
: on admet de vivre dans une société qui admet ça? Oui? Et qu'on capitalise,
en plus, sur les morts africaines de cet été pour couvrir cette dérive
des expulsions? On ne fait plus dans les logements insalubres ni dans
l'expulsion de sans papiers, là, non, là on nettoie les quartiers populaires de
Paris pour le bénéfice des spéculateurs fonciers. La police est un
service public, après tout, il faut bien que votre argent soit mobilisé
pour le bien de tous.