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la tanière du hérisson
9 février 2005

le poids perdu des mots disparus


    Deux bouts d'émissions de radio, en voiture, en fin d'après-midi et ce soir.
      Retour nocturne du Ju-Jitsu, France Inter dans l'habitacle et des couillons de lapins qui traversent n'importe comment à l'extérieur. On entend le moteur et aussi ce bon vieux José Arthur qui reçoit Bernard Pivot, ça discute de choses diverses avec la faconde dont sont capables ces deux là. Et Pivot d'évoquer avec justesse les mots qui disparaissent. On parle des mots qui font leur entrée dans le dictionnaire, les mots à la mode ou suffisamment coutumiers pour qu'on les admette dans le vénérable ouvrage de référence. On ne parle pas de ceux, moins fortunés, qui partent "par la petite porte". Qui juge qu'ils n'ont plus leur place dans un dictionnaire? Qui relève leur fréquence dans les écrits (romans, essais, journaux, etc..) ou leur emploi oral? Etrange mécanique qui n'est en tout cas pas anodine et qui modèle notre langue, mine de rien, au moins un tout petit peu.
     Autre émission, en fin d'après-midi, qui rétrospectivement fait écho à ces propos très littéraires. Un type (un écrivain, pardon) venait présenter son bouquin. Il faisait état, lui aussi, de la façon dont les mots modèlent la pensée. De la façon dont l'expression "plan social" renvoit à une réalité inverse de ce qu'elle évoque. De la façon dont on s'est persuadé que la classe ouvrière avait disparu parce qu'on a fini d'employer le mot ouvrier. Et l'on se perd en conjecture sur la façon, aussi, dont le discours politique s'est unifié, sur la façon dont les ténors de gauche comme de droite emploient les mêmes mots, s'emploient à résoudre les mêmes problèmes dans les mêms termes. La gauche parle de croissance comme on parlerait du bonheur et, de même qu'on ne parle plus de parti ouvrier, on n'utilise plus l'expression naguère en vogue de représentation politique "bourgeoise" en désignant l'UDF et l'UMP, alors qu'ils s'agit tout de même de ça.
      Tout a un sens, tout exprime quelque chose, et les  béances, les oublis sont, en matière de vocabulaire, un exemple comme  un autre de la manière dont une mémoire collective se façonne ou  s'atrophie. Reconquérir sa langue, c'est aussi un combat citoyen.

      

 
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Commentaires
A
tout à fait d'accord ! Et puis le français, même si c'est dur, c'est quand meme très joli... et merci de donner des leçons de langue à "certains" qui s'amusent à polluer mon blog...<br /> thank u (oups, je veux dire, merci !)
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