soutenir la résistance positive
En ce moment, c'est le forum social mondial à Porto Allegre, grand'messe altermondialiste dont les clichés pittoresques ne doivent pas cacher son rôle de laboratoire des
propositions alternatives sérieuses au tout libéral d'un credo
économique en cours au forum économique de Davos. Et c'est un enjeu
majeur. Depuis une dizaine d'années, des activistes du monde entier se
montrent conscients du fait que contester et résister est bien, proposer c'est mieux
; ils échangent, prennent modèles sur les expériences des uns et des
autres. Reste maintenant à ce que leurs propositions, moins loufoques
qu'on le dit et plus objectives que beaucoup de rapports issus de
cabinets d'experts "indépendants", soient entendues à l'échelle
mondiale dans les opinions publiques et les cercles dirigeants ouverts.
N'attendons pas des USA qu'ils changent de politique consumériste
avant, disons, 4 ans, mais des forces émergentes comme l'Inde ou des
pays d'Afrique de l'Ouest ou d'Amérique du Sud peuvent constituer des
zones d'alternative effectives.
J'ai lu ce matin un article sur le site de Libé, une interview d'un producteur brésilien de soja non transgénique.
Je ne vais pas revenir sur le dossier des OGM, sur les enjeux de
privatisation du vivant et de contamination des espèces "naturelles",
juste rapporter ce que dit dans l'article cet Olivio Dambros, venu à
Porto Allegre pour obtenir des avancées concrètes. Il montre que, n'en
déplaise aux opérations de communications des firmes de semence comme
Monsanto qui patrouillent dans les campagnes brésiliennes pour
convaincre les paysans des avantages de leurs produits à l'aide de
cassettes vidéo qu'on imagine très bien faites, la culture du soja non transgénique est plus rentable que celle des variétés OGM.
Les coûts sont moins élevés et cela emploie en outre plus de main
d'oeuvre. Bien sûr, on parle là de culture biologique. Et notre homme
de conclure en disant qu'il a un marché porteur pour
le soja biologique (nécessairement non-GM), "vers l'Europe notamment où
les consommateurs ne veulent pas d'aliments OGM." Alors, bon, rappelons
le, la citoyenneté passe aussi par des actes de consommation.
Pour le soja, nous sommes peu concernés
puisque, hormis les végétariens et quelques amateurs de cuisine
originale, cet aliment n'a pas de place intéressante dans nos pratiques
culinaires. Il est en fait massivement réservé au bétail (qui consomme
de l'OGM que vous consommerez donc indirectement en mangeant ces
animaux).
En revanche, il est bon de soutenir le commerce équitable
et les producteurs qui, par le biais de coopératives, font le pari
d'exporter du bio ou du non OGM vers les pays occidentaux. Ces pays
sont soumis à des assauts importants pour se convertir à des cultures
GM ou à des élevages industriels, il convient de soutenir le refus de
certains des erreurs des économies occidentales.