mutations pop et crash culture

C'est le titre de l'ouvrage de Laurent Courau, qui mène avec brio l'e-zine La Spirale dont ce bouquin se veut une première anthologie. Portail ouvert aux sous-cultures "mutantes", marginales et baignées d'inspiration cyberpunk au sens le plus littéral du terme (c'est-à-dire littéraire, pour ceux qui ont découvert ce genre comme moi avec Gisbon, Effinger et les autres...), ce site (dont le lien figure dans ma colonne de droite depuis le début du blog) héberge nombre de rencontres insolites et souvent pertinentes. Le livre, ceci dit, est une entité en soi. Il s'agit d'un recueil d'interviews réalisées pour le site auprès de gens particulièrement divers, parfois folkloriques mais jamais vraiment anodins, à de rares exceptions près.
    Le livre m'a convaincu par son ton et son sérieux, à l'image de La Spirale qui traite sans complaisance ni condescendance tous les activistes modernes, quitte à passer pour un repaire de loufoques illuminés. Le style est clair, la mise en perspective des différents courants approchés est bien foutue.
    Par culture mutante, l'auteur entend émanant de sociétés en changement ou révélant des excroissances insolites de celles-ci, des individus ou communautés qui questionnent notre condition en la portant dans ses retranchements. On ne peut adhérer à tout, mais ce tour d'horizon a quelque chose de fascinant. D'autant que bon nombre des gens que Courau interviewe ont de la carrure au niveau de leur approche, du recul, et l'on est parfois surpris des convergences et des influences communes d'individus qui à priori n'ont rien à voir entre eux.
    Pêle-mêle: les créateurs de Boing Boing, le "fanzine des joyeux mutants" issu de la presse comics underground US la plus débridée, Maurice G. Dantec, des potes déjantés à T. Leary, un chercheur spécialisé dans la relation homme machine et les implants technologiques, une artiste bodybuildée transhumaniste, un savant travaillant au CNRS sur la cryogénisation humaine, des gens qui veulent télécharger le contenu de leur cerveau sur un disque dur, les nomades techno de Cyberbuss, les punkettes féministes issues du mouvement des Riot Grrrrrrls, les Suicide Girls (autres punkettes féministes ayant un site érotique), divers acteurs du body art et des modifiactions corporelles extrêmes, les U Knight (mouvement pour l'extinction de la race humaine), les pirates médiatiques et détourneurs de pub, etc...
    Dit comme ça, ça fait un peu cirque, freakshow un peu folklorique et grandguignol, mais le plus souvent on a affaire à des gens très pertinents, artistes (musiciens, graphistes, cinéastes, écrivains, journalistes...) mais aussi scientifiques et autres personnalités moins "bohème", et l'ensemble s'avère convaincant. Encore une fois, on n'adhère pas à tout et on n'irait pas rejoindre la moitié de ces gens dans leur recherche de la radicalité la plus honnête, qu'elle soit politique, sexuelle, corporelle, mystique, scientifique ou philosophique. Il y a des quêtes personnelles dans lesquelles on peut prendre des lambeaux qui nous interpellent, des choses assez troublantes qui vont bien au delà de l'attirance malsaine ou la débilité autodestructrice qu"on est en droit d'attendre d'un tel catalogue.

Comments

[moi meme]

Ca va hein pas de cyniqme de bas étage.... il n'empêche que je me demande ou tu es allé trouvé un site pareil (bah oui tu vois j'ai lu tout en entier et je suis même allée voir le site)
PS : si tu veux des blagues de blondes j'en ai plein (lol)

[herisson sauvage]

merci de ne serait-ce qu'y avoir songé... Je fais dans le gloubiboulga culturel qui reste sur l'estomac (pléonasme, je sais...), depuis quelque temps.
Il va falloir que je me rachète une conduite en montrant mon cul ou en racontant des blagues de blondes sinon ce blog va vraiment filer un mauvais coton.

[moi meme]

J'ai pas le courage là, je reviendrais demain....