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la tanière du hérisson
17 mars 2005

la vie, c'est comme ça

        Aujourd'hui, j'ai commencé ma journée de classe en apprenant le décès du père de ma cantinière. C'est la seule personne adulte que je vois dans ma journée (je suis tout seul dans mon école... enfin avec les enfants!), c'est une personne en or et en 3 ans de quotidien partagé, nous avons développé une complicité commune qui fait que cette mort, de quelqu'un que je ne connais pas, me chagrine beaucoup pour elle. Elle avait beau s'y attendre, voir décliner et souhaiter que ça ne soit pas trop long et douloureux, on reste face au néant, il n'y a rien de plus à en dire. Bref. Du coup, petite commune oblige, c'est la secrétaire de mairie et la première adjointe qui sont venues faire la cuisine pour les momes! Un peu à découvrir le matériel, la façon dont ça se passe, ça sentait l'improvisation et l'approximation, mais dans la bonne humeur et la bonne volonté. J'ai mangé en même temps que les enfants, histoire de veiller à ce que ça se déroule correctement. Je m'attendais à ce que ce soit un défilé de jérémiades, eh bien non! Ils ont adoré leur steak trop cuit et leurs petits pois carottes, les petits chameaux ! Et puis bon, il y avait une glace à la fin alors...
    L'après-midi, il a fallu se rendre à l'évidence : devant un soleil pareil, pas moyen de faire comme si l'occasion  n'était pas trop belle. J'ai changé mon programme, et plutôt que de faire des maths et de l'écriture, on est allé se fourrer dans l'herbe, dans le terrain derrière l'école. Jeux de thèque, jeux coopératifs ou à rôles changeants, ils se sont défoulés et ils en avaient besoin. Après ça, retour en classe où la lecture des rédactions du matin a donné lieu à un débat houleux qui a largement débordé sur le temps que j'avais dévolu initialement! mais ça valait le coup, parce que chacun s'est exprimé sur son vécu de classe, a pu se projeter dans les années à venir, argumenter... Bref, zou en récré, et là foot général, avec moi au milieu, sifflet au bec et balle au pied. Bon, ça a duré... Ils en sont ressortis vidés et rougeauds, mais ravis et puis, le temps d'écrire les devoirs et de faire les sacs, on s'est quittés sur une chanson et sous un soleil printanier des plus sympathiques. Et, une fois seul avec la classe à ranger et mes préparations du lendemain à faire, à nouveau une pensée pour l'absente qui, elle, a passé sa journée dans la peine et les tracasseries administratives des "parents du défunt".
    Demain non plus, le menu de la cantine ne sera pas celui affiché. Et, lundi, une fois le bonhomme enterré à bonnes pelletées sur la boite, il faudra repartir et faire bonne figure.
    Dire que j'ai prévu de travailler bientôt sur les générations ...

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